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Tell me something new / À propos de Dexter Goldberg2018-11-24

Tout est dans le titre.

Comment en effet ne pas savourer cette délicieuse ironie appelant la nouveauté de l’extérieur, à une époque pourtant si encline à l’hypertrophie du moi ?

Distillant ainsi l’idée que l’écoute puisse être un jalon essentiel de la quête de liberté, Dexter Goldberg nous convie ici à un saisissant jeu de contrastes, derrière la formule établie du trio rendue singulièrement élargie par la grâce de son écriture.

De fait, on est rapidement happé par ces arrangements finement ciselés, imposant formes à tiroirs et autres ostinatos, contrepoints et placements rythmiques subtils, témoignant d’un imposant travail préparatoire destiné au jeu à haut risque dans un cadre savamment pensé.

Mais ce parti pris s’efface peu à peu pour révéler une musique qui se livre avec un naturel confondant. Au fil d’une rhapsodie à effets de surprises, le propos captive par un vrai sens de l’équilibre qui s’autorise autant le blues que les métriques complexes, le détournement de standards ou les cassures les plus franches, chaque pièce se développant pour le simple plaisir du jeu.

Comme mus par un souci permanent de réconcilier les extrêmes, les trois musiciens naviguent entre fondamentaux et inattendus, entre effets de retenue assumés et élans libérateurs qui, au-delà de la science d’un trio, révèlent surtout la joie de faire de ses protagonistes.

Avec un sens combiné du détachement taquin et de la jubilation sans fard qui n’appartient qu’à lui, Dexter joue, se repaît d’accords pleins comme de phrases éthérées, explore sans la moindre lassitude toute la largeur du piano, et nous rappelle ainsi avec allégresse à quel point la musique nous fait désirer le monde.

/ Février 2018

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